400 ans de Grande Pêche
La période des « grandes découvertes » de la fin du XVe et du début du XVIe siècle va marquer un tournant dans l’histoire économique et commerciale de Granville. Du fait de la situation géographique de leur ville, beaucoup de marins granvillais vont en effet compter parmi les premiers explorateurs de ce que l’on appelle alors la Terre-Neuve : terre de nouvelles conquêtes, mais aussi de nouvelles activités liées à la pêche.
Dès les années 1520, les premiers « terre-neuvas » partent donc de Granville pour la Grande Pêche à la morue. Encouragés par une bourgeoisie commerçante qui cherche sans cesse à faire profit à travers l’échange de produits neufs, ce sont une quinzaine de bateaux « terre-neuviers » qui font le long voyage jusqu’aux bancs de Terre-Neuve à la fin du XVIe siècle. La construction du premier port de Granville, entre 1532 et 1564, va également accélérer la cadence.
L’activité se développe ensuite jusqu’à atteindre son essor dans les années précédant la Révolution française : à cette époque, une petite centaine de navires quittent chaque année le port pour naviguer vers l’Ouest. Granville deviendra ainsi le deuxième port morutier français après Saint Malo.
Et puis au XIXe siècle, l’activité subit son premier revers. Les troubles de la Révolution, ainsi que les conflits du 1er Empire, ont en effet une influence néfaste sur la Grande Pêche. Et même si celle-ci voit un regain d’activité à partir des années 1820, avec la création de la Chambre des Commerces à Granville et un maximum de 90 bateaux en 1853, force est de constater que l’âge d’or de la pêche morutière est révolu.
Dès les années 1860, les nouvelles activités liées à la Révolution industrielle vont en effet profondément bouleverser les pratiques des familles et des marins granvillais. Et surtout, c’est la catastrophe économique engendrée par les destructions de la Première Guerre Mondiale qui va définitivement enterrer le commerce de la Grande Pêche. Même une tentative de modernisation et de mécanisation des navires ne pourra pas la sauver : le dernier des « terre-neuviers » fera son ultime départ en 1936.