Jeune centenaire, le Marité est rattaché au port de Granville depuis son arrivée en 2012. Mais c’est sur le chantier naval de Fécamp qu’il voit le jour en 1923 : il sera d’ailleurs le dernier navire fécampois à être construit spécifiquement pour la Grande Pêche. Le Marité naît en effet à une époque où la pêche à la morue commence déjà à souffrir. La Première Guerre Mondiale a porté un coup majeur à l’activité, et le développement des navires à vapeur et des chalutiers dans les années 1920 va entrainer le désarmement de nombreux voiliers, trop lents et pas assez rentables pour la pêche. Après seulement cinq campagnes sur les bancs de Terre-Neuve, le Marité se retrouve donc à la retraite en 1929 et est mis en vente par Charles Le Borgne, son propriétaire.
Le jeune trois-mâts goélette va ensuite passer une quarantaine d’années à naviguer les sept mers, d’abord en tant que morutier battant pavillon danois, puis comme navire de marchandises pour les Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Suite au conflit, il retrouve ses responsabilités de bateau de pêche, navigant entre le Danemark, l’Islande et les Îles Féroé à la recherche de morue, de hareng ou de crevettes. À cette époque, il subit aussi plusieurs modifications majeures : mâts et voile sont notamment démantelés au profit d’un moteur. Le Marité commence cependant à vieillir, et en 1973, son propriétaire le laisse pour la dernière fois à quai.
Quatre ans plus tard, le navire est redécouvert par deux jeunes suédois, souhaitant partir à la découverte des mers. Loin d’être découragés par l’état délabré du bateau, les deux aventuriers se lancent dans un vaste chantier de restauration qui se termine huit ans plus tard, en 1987. Le Marité retrouve ainsi une nouvelle vie et un nouveau but, alternant croisières de plaisance entre mer Baltique et mer du Nord. Il se retrouve même, le temps d’un voyage, de retour à Fécamp, son port de naissance.