Le Charles-MarieLe Charles-Marie
©Le Charles-Marie|Esprit Grand Large
Les vieux gréementsde Granville Terre et Mer

Les vieux gréements

Jadis utilisés comme navires d’une pêche locale ou plus lointaine, les vieux gréements de Granville proposent aujourd’hui des sorties participatives en mer au gré des vents et des marées, dans la Baie du Mont Saint-Michel ou vers les côtes du nord de la Destination.

Un patrimoine maritime

à préserver

Bien conscient de la place importante de la pêche et de la navigation dans son histoire, le territoire de Granville Terre et Mer agit régulièrement pour la préservation et la mise en valeur de son patrimoine maritime. La présence de plusieurs vieux gréements dans le port de Granville, voiliers symboliques du monde du travail de la mer, atteste de ces actions de valorisation.

Jadis utilisés comme navires d’une pêche locale ou plus lointaine, les vieux gréements de Granville proposent aujourd’hui des sorties participatives en mer au gré des vents et des marées, dans la Baie du Mont Saint-Michel ou vers les côtes du nord de la Destination. Ainsi, les associations qui gèrent ces bateaux s’assurent de la pérennité du savoir-faire de la navigation à la voile.

Le Marité

Dernier terre-neuvier de France

Jeune centenaire, le Marité est rattaché au port de Granville depuis son arrivée en 2012. Mais c’est sur le chantier naval de Fécamp qu’il voit le jour en 1923 : il sera d’ailleurs le dernier navire fécampois à être construit spécifiquement pour la Grande Pêche. Le Marité naît en effet à une époque où la pêche à la morue commence déjà à souffrir. La Première Guerre Mondiale a porté un coup majeur à l’activité, et le développement des navires à vapeur et des chalutiers dans les années 1920 va entrainer le désarmement de nombreux voiliers, trop lents et pas assez rentables pour la pêche. Après seulement cinq campagnes sur les bancs de Terre-Neuve, le Marité se retrouve donc à la retraite en 1929 et est mis en vente par Charles Le Borgne, son propriétaire.

Le jeune trois-mâts goélette va ensuite passer une quarantaine d’années à naviguer les sept mers, d’abord en tant que morutier battant pavillon danois, puis comme navire de marchandises pour les Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Suite au conflit, il retrouve ses responsabilités de bateau de pêche, navigant entre le Danemark, l’Islande et les Îles Féroé à la recherche de morue, de hareng ou de crevettes. À cette époque, il subit aussi plusieurs modifications majeures : mâts et voile sont notamment démantelés au profit d’un moteur. Le Marité commence cependant à vieillir, et en 1973, son propriétaire le laisse pour la dernière fois à quai.

Quatre ans plus tard, le navire est redécouvert par deux jeunes suédois, souhaitant partir à la découverte des mers. Loin d’être découragés par l’état délabré du bateau, les deux aventuriers se lancent dans un vaste chantier de restauration qui se termine huit ans plus tard, en 1987. Le Marité retrouve ainsi une nouvelle vie et un nouveau but, alternant croisières de plaisance entre mer Baltique et mer du Nord. Il se retrouve même, le temps d’un voyage, de retour à Fécamp, son port de naissance.

L’année 1998 marque une nouvelle étape dans la vie du vieux terre-neuvier. Ses propriétaires décident en effet de le revendre, et grâce à une mobilisation d’envergure de la part de plusieurs associations et grandes figures de la navigation française, le Marité se retrouve en Normandie.

Il sert alors d’ambassadeur de la région pendant plusieurs années et participe à plusieurs grands événements dédiés au monde de la mer. Il est également utilisé comme plateau télé, le temps d’une saison, pour l’émission Thalassa.

En 2006 cependant, le Marité fatigue : il est temps pour lui de subir une cure de jouvence, et il est donc emmené en cale sèche à Cherbourg, où il va subir six ans de restauration pour lui redonner sa jeunesse et son apparence d’antan. Il est ensuite rapatrié à Granville, son nouveau port d’attache.

Aujourd’hui, le Marité arpente les côtes de la Manche, et propose des sorties en mer participatives au public, à la journée ou la demi-journée. Il participe également à bon nombre d’événements festifs comme la Grande Armada de Rouen, et propose des animations à quai.

Dernier terre-neuvier français, ce fameux trois-mâts qui a fêté ses 100 ans en 2023, est considéré par beaucoup comme un symbole de la Grande Pêche en Normandie, et un incontournable de la Destination.

La Granvillaise

Fleuron de la flotte granvillaise

Créée par l’Association des Amis des Vieux Gréements, La Granvillaise est la benjamine des navires traditionnels de Granville et naît d’une volonté de remettre le savoir-faire de la navigation normande au goût du jour. Réplique parfaite d’une bisquine de la fin du XIXe siècle, son chantier débute en 1988, un an après la mise à l’eau de La Cancalaise, sa voisine d’en face. C’est d’ailleurs la création de ce petit navire breton qui va motiver l’association et la population granvillaise dans le lancement et le financement du projet : après tout, il ne peut y avoir de bisquine cancalaise sans bisquine granvillaise !

Il existe en effet une rivalité traditionnelle entre les deux grandes villes de la Baie du Mont Saint-Michel, qui remonte au début du XIXe siècle. Les bisquines de cette époque étaient conçues à la base comme des bateaux de pêche, spécialisés dans la « cueillette » des huitres et autres coquillages de fonds de mer. Leur légèreté et la taille de leurs voiles imposantes leur donnaient ainsi la puissance nécessaire pour tirer la drague qui servait à récolter les huitres reposant sur le fond marin.

Elles leurs permettaient aussi de participer aux régates, des courses locales organisées par les marins de Granville et Cancale. La première a lieu en 1846, et devient rapidement une institution, un véritable combat de coq entre les habitants des deux pointes de la Baie du Mont Saint-Michel. Les régates atteignent d’ailleurs leur âge d’or au tout début des années 1900, avant de subir plusieurs revers majeurs. La crise économique et la décimation des populations d’huitres causée par une maladie virulente va en effet entrainer une chute de l’activité de pêche des bisquines, et la Seconde Guerre Mondiale va sonner le glas des régates.

La construction de La Granvillaise est donc vue comme une opportunité de rendre hommage à ces traditions. La nouvelle bisquine se base d’ailleurs sur les plans de 1897 du bateau La Rose-Marie et présente la même coque légère et la même voilure imposante que ses aïeuls. Après deux ans de travaux, la mise à l’eau de La Granvillaise est organisée le 15 avril 1990, et ce jour-là, près de 10 000 personnes sont présentes pour admirer le baptême de la première bisquine construite à Granville depuis plus de 70 ans.

Aujourd’hui, La Granvillaise offre la possibilité aux visiteurs de redécouvrir cette tradition de la pêche et des régates. Des sorties en mer sont organisées en demi-journée ou en journée entière, dans la Baie de Granville et jusqu’aux Îles Chausey.

Le Charles-Marie

Métamorphose d'un chalutier

Le Charles-Marie est un cas particulier parmi les vieux gréements de la Destination. Conçu aux ateliers Servain de Granville en 1968, il présente à l’origine une fonction de chalutier : un navire construit pour la pêche locale certes, mais motorisé et surtout, sans voiles ! C’est néanmoins un bateau robuste, solide, qui va travailler durant trente ans sous les commandes de son capitaine, Jean-Pierre Thélot, puis du successeur de celui-ci, Pierre Berteau. Et puis en 1998, Berteau fait construire un nouveau chalutier, le Charles-Marie II : vient alors l’interrogation sur le futur du premier navire.

C’est une nouvelle association, d’Agon-Coutainville cette fois, qui va prendre le relais. Créée un an auparavant, l’association du Ponton va en effet s’approprier le Charles-Marie et lui donner un nouveau souffle à travers une grosse session de restauration au chantier naval Legueltel de Blainville-sur-Mer. Après deux ans de travaux, le chalutier est métamorphosé : il a désormais l’apparence d’un voilier de charter (ou d’expédition) de type Dundee, avec une voilure de 180m².

Remis à l’eau en 2000, le Charles-Marie a pour vocation de faire découvrir ou redécouvrir la navigation traditionnelle à la voile. Dans les 23 dernières années, il a navigué plusieurs milliers de milles le long des côtes françaises et a participé à de nombreux événements, dont la Grande Armada ou le départ de la Route du Rhum à Saint-Malo. Son port d’attache, cependant, reste Granville, et chaque saison est dédiée à la mise en valeur de la richesse maritime de la Destination. Des sorties en mer sont organisées dans la Baie du Mont Saint-Michel ou jusqu’aux îles Chausey. Le Charles-Marie propose également des croisières plus longues, permettant aux voyageurs de partir explorer les îles Anglo-Normandes ou la Côte d’Emeraude. Et quelle que soit sa destination, la vocation reste la même : faire découvrir le monde traditionnel normand de la navigation à la voile.


Histoire et patrimoine

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