Bon à savoir
Retrouvez votre fiche circuit sur la Haute-Ville de Granville parmi les 19 balades en famille à faire sur la Destination Granville Terre et Mer !
En partant de la place du casino, c’est-à-dire « en bas », vous prenez la mesure de la hauteur de ce vieux rocher. Afin d’éviter une escalade trop abrupte, il est temps de vous diriger rue des Juifs.
Cette rue est l’accès traditionnel, emprunté autrefois par les charrettes, pour atteindre le pied des remparts. On y apprécie son ambiance artistique entre galeries d’art, librairies, antiquaires et autres commerces donnant un charme tranquille à cette petite montée. La rue des Juifs doit son nom à l’installation de familles juives le long de ce qui formera le premier faubourg de Granville. À l’époque, seul le côté nord de la rue était construit car la mer venait encore frapper le roc côté sud.
Arrivés en haut de la rue des Juifs, vous appréciez un premier point de vue en direction du sud. C’est l’occasion pour vous de chercher le Mont Saint-Michel… Que vous ne trouverez pas ! En effet, le célèbre monument se cache juste derrière la pointe de Carolles. Et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Granville existe…
En 1439, sur les hauteurs de la Pointe du Roc, alors que cette péninsule granitique n’était habitée que par une poignée de pêcheurs, le sénéchal anglais Sir Thomas de Scales décida de bâtir une place forte afin de progresser dans la conquête des terres normandes.
Pourquoi ? Parce que ce bout de rocher est à l’abri des regards du Mont Saint-Michel, objectif de conquête tant convoité par les Anglais ! Ils obtiennent donc les terres en les achetant au seigneur local Jean d’Argouges, et commencent par creuser une tranchée large de 7 mètres où se situe actuellement le Casino. Cela permet alors d’établir la meilleure défense naturelle qu’il soit : transformer Granville en île à chaque marée haute !
L’histoire de Granville a été marquée par un épisode militaire-clé dans les Guerres de Vendée.
À l’automne 1793, les armées royalistes sont en pleine « virée de galerne » suite à la défaite de Cholet. Au 14 novembre, elles tiennent le siège sur Granville afin de contrôler un port et de rallier les Anglais. Cette bataille voit s’affronter plus de 20 000 « blancs » face à 5 500 soldats « bleus » aidés par les civils réfugiés dans la place forte. Sans équipements de siège efficace, disposant d’un lot de mauvaises informations et face à une artillerie plus puissante que prévue, les Vendéens battent en retraite le 15 novembre sans avoir vu l’ombre d’un vaisseau anglais.
La plaque sous le porche liste les civils granvillais tombés lors de ce siège dont Jacques-François Clément-Desmaisons, officier municipal, dont l’héroïsme a été immortalisé sur une toile de Maurice Orange.
Art & Histoire
Épisode du siège de Granville – La mort du maire Clément-Desmaisons, peinture de Maurice Orange, 1909.
Après avoir traversé le pont-levis puis remonté la rue pavée qui serpente, vous arrivez au cœur de la Haute-Ville : la place Cambernon.
Quelques commerces subsistent ici mais il faut imaginer que tout le quartier était rempli d’échoppes jusqu’à la moitié du XXe siècle.
À l’angle de la rue Cambernon et de la rue Notre-Dame, vous apercevez une plaque. Celle-ci a été révélée récemment par le Prince Albert II de Monaco en tant que descendant des comtes de Matignon. Les Matignon ont gouverné Granville sur plusieurs générations et ont logé dans cet hôtel particulier. Jacques IV de Gouyon de Matignon devint alors Jacques Ier de Grimaldi après le décès de son épouse, Louise-Hippolyte, souveraine de Monaco. Est-ce alors que Granville se fera surnommée la Monaco du Nord ? Non, car l’origine du surnom est plus récente mais il faut avouer que ces histoires de têtes couronnées sont toujours très croustillantes ! D’autant plus que Jacques Ier n’a pas été un mari très exemplaire…
Remontez ensuite la rue Notre-Dame en direction de l’église et faites en le tour par le sud. Vous passez alors au pied de la Maison du Guet. Cette charmante bâtisse fait partie intégrante de la silhouette de la citée fortifiée. Elle suscite bien des questions avec son allure médiévale et ses tourelles évoquant Poudlard. Il s’agit en fait d’une maison privée d’architecture balnéaire datant du début du XXe siècle. Etonnant, non ? Le point de vue sur l’avant-port et le bassin à flots est tout-à-fait remarquable.
Entrez maintenant dans l’église par une petite porte située au nord de l’édifice.
Une chapelle a été érigée sur ce même emplacement dès le XIIe siècle lorsque, selon la légende, les pêcheurs locaux captèrent miraculeusement dans leurs filets une statue de la Vierge Marie. Les fondations de l’église actuelle datent de l’époque anglaise (1440) mais il fallut plus de trois siècles pour que l’édifice apparaisse dans sa forme actuelle. Fièrement perchée sur le Roc de Granville, elle affronte sans cesse les embruns avec son corps de granit issu de Chausey.
À l’intérieur, on découvre une église définitivement orientée vers la mer avec sa chapelle nord consacrée à la Vierge et sa chapelle sud consacrée à Saint-Clément ornée de remarquables ex-voto. Enfin, le tour du déambulatoire est absolument incontournable pour observer les magnifiques vitraux du maître-verrier Jacques Le Chevallier datant de la seconde moitié du XXe siècle.
Maintenant, vous vous apprêtez à traverser tout le quartier d’ouest en est. Rassurez-vous, cela représente uniquement 500m de marche !
Après votre découverte de l’église, rendez-vous sur le rempart nord. Vous vous trouvez à proximité des anciennes casernes de Granville ayant accueilli différents régiments d’infanterie jusqu’en 1984. Profitez de la vue et des embruns de la venteuse rue du Nord ! On aperçoit Chausey au loin, cet archipel aux milles nuances minérales. Longez le rempart et profitez-en pour respirer un bon coup jusqu’à bifurquer à droite, rue des Platriers. Enchainez ensuite pour atteindre l’angle de la rue du marché au Pain et de la rue Notre-Dame.
En vous arrêtant à ce croisement de rue, vous apercevez aussi bien les immeubles de rapports, dans lesquels les familles vivaient en appartement, que les hôtels particuliers. Ces derniers appartenaient souvent à de riches armateurs ayant contribué à l’essor et à la renommée du port de Granville. Tantôt corsaires, tantôt Terre-Neuvas, les marins de Granville ont été longtemps de vaillants aventuriers n’étant jamais vraiment sûrs de revenir au pays… C’est la raison pour laquelle avant chaque campagne de pêche, on fêtait comme il se doit le Carnaval, tradition encore perpétuée de nos jours et reconnue par l’Unesco.
Vous vous trouvez également devant le Théâtre de la Haute Ville. Il s’agit d’un ancien tribunal où étaient jugés les nombreux litiges commerciaux qu’il pouvait y avoir dans une telle cité marchande.
En atteignant le haut de la rue Notre-Dame, vous arrivez place de l’Isthme. Elle est divisée en deux parties séparées par un fossé datant du XIXe siècle. Le Musée d’art moderne Richard Anacréon, autrefois couvent puis école, se trouve sur la partie ouest de la place. La fameuse Tranchée aux Anglais, quant à elle, est visible de la partie est, lorsqu’on vient chatouiller les flèches du Casino. De ce point de vue, on saisit toute l’importance de l’essor du tourisme balnéaire à Granville. Casino, hôtels ou anciens hôtels, digue-promenade, cabines de bain… Un simple regard de ces hauteurs et notre esprit est en vacances…
Si vous voulez revenir au point de départ, vous pouvez emprunter l’escalier côté nord, celui avec une rampe blanche. Il descend directement sur la place du casino.