Les intrigues | Destination Granville Terre et Mer

Les intrigues à Granville

Une tradition carnavalesque

Pour celui qui participe à son premier carnaval, le concept de l’intrigue peut paraitre difficile à comprendre. Pourtant, cette tradition carnavalesque est presque aussi vieille que l’évènement lui-même, et demeure une des activités festives que les granvillais ont le plus à cœur de préserver.

En 1897 déjà, le journal local du Granvillais s’inquiétait de la mauvaise santé du carnaval et des intrigues, en espérant qu’elles aient « encore plusieurs années à vivre ».

Et en 1906, alors que le carnaval reprenait justement du poil de la bête, on remarquait qu’à cette édition, « les déguisés étaient nombreux, et c’est à grand-peine qu’ils pouvaient se frayer un passage à travers une foule compacte… Inutile de dire que pendant la soirée, l’intrigue a eu beau jeu ».

Intrigants

et intrigués

Alors, qu’est-ce donc qu’une intrigue ? Le principe est simple : chaque mardi soir de carnaval, pour clôturer les festivités, les participants (qu’on appelle aussi « intrigants ») se déguisent de la tête au pied et partent à la rencontre de leurs « intrigués ». Ces derniers sont souvent des amis, des collègues, voire des membres de la famille de l’intrigant, et il appartient donc à celui-ci d’être suffisamment travesti pour ne pas être reconnu par l’intrigué. Cela passe aussi, bien entendu, par une modification de la voix !

En effet, l’intrigant va suivre sa « victime » toute la soirée, discutant avec elle, l’interrogeant de choses et d’autres en sous-entendant qu’il connait l’intrigué, mais sans dévoiler sa véritable identité. C’est donc à l’intrigué d’essayer d’identifier son compagnon d’un soir, ce qui n’est pas toujours une mince affaire : plus le déguisement est réussi, plus la difficulté à reconnaitre l’intrigant sera grande ! Certains vont même aller jusqu’à changer deux fois, voire trois fois de costume, afin de perturber encore davantage son intrigué.

Des intrigants du Carnaval de Granville 2008

Une tradition du

déguisement

Cette tradition du déguisement est d’ailleurs très ancrée et représentative du carnaval de Granville.

Les carnavaliers sont devenus des experts en la matière : la phrase « ça peut toujours servir » est fréquemment prononcée par les granvillais lors de déménagements ou d’opérations de rangement.

Et la présence jusqu’en 1984 de plusieurs régiments d’artilleurs de la Marine Royale dans la Haute Ville a permis le développement d’une bourse d’échanges de costumes spécialisée dans les accessoires militaires.

Esprit d'ouverture

et d'accueil des Granvillais

La tradition de l’intrigue existe également grâce à l’esprit d’ouverture et d’accueil des granvillais.

On parle souvent du « monde à l’envers » à carnaval : la ville se referme sur elle-même, se retrouve un peu coupée du monde, dans sa propre bulle. Et au contraire, les propriétés des uns et des autres qui jusqu’à présent étaient demeures privées, s’ouvrent à l’inconnu.

Il n’est pas rare que des maisons de carnavaliers deviennent des bases de repli, sans pour autant que les uns et les autres se connaissent de prime abord.

Le temps de cinq jours, des liens se tissent, on offre des verres à des inconnus, on les accueille chez soi, on rigole, on danse ensemble dans l’alégresse et l’insouciance.

C’est cet état d’esprit qui permet aux intrigues d’exister : un esprit de confiance et d’amicalité, l’intrigué se retrouvant accompagné d’un intrigant dont il ou elle ne sait rien, mais sans pour autant qu’il ou elle s’en méfie.

C’est un incontournable du carnaval de Granville, et c’est avec certitude qu’on peut affirmer qu’elles auront « encore plusieurs années à vivre ».

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