Luc Chatelais sur une pêcherieLuc Chatelais sur une pêcherie
©Luc Chatelais sur une pêcherie|Estelle Cohier
Luc ChatelaisPassionné de pêcheries

Luc Chatelais

Plus de 4 300 ans d’histoire, on vous emmène ?

Partons à la rencontre de Luc Chatelais, et à la découverte des ailes d’oiseaux posées sur l’estran que l’on nomme les « pêcheries ».

Qu'est-ce qu'une

pêcherie ?

Une pêcherie, c’est un grand piège à poissons fixe situé sur l’estran. On trouve des pêcheries en bois entre Agon-Coutainville et Bréville-sur-Mer et en pierre entre Bréville et Jullouville. Elles étaient construites en fonction des matériaux que l’on pouvait trouver sur place.

Les pêcheries sur l’estran de la Destination Granville Terre et Mer datent du XVe siècle selon Cyrille Billard, archéologue mais des pieux en bois datant du XIe siècle ont été retrouvés. Notre destination, terre des plus grandes marées d’Europe est propice au fonctionnement des pêcheries.

Elles sont en forme d’un grand V dirigé vers le large et les deux bras de la pêcherie ouverts vers le rivage. Lorsque la mer se retire, les poissons sont piégés dans la pointe. Le pêcheur retient l’eau dans la pêcherie grâce à une porte et devant la porte, glisse une carrée, un cadre en bois sur lequel est fixé un filet en forme de chaussette nouée au bout.

Pendant la pêche, cette carrée est glissée devant la porte retenant l’eau dans la pêcherie et lorsque les pêcheurs lèvent la porte, les poissons s’engouffrent dans le filet. Ainsi quand le filet est plein, on défait le nœud et on vide les poissons dans l’auge en granit pour faire le tri. On conserve les gros poissons réglementaires et on laisse repartir les petits poissons. Deux heures avant la basse mer, les pêcheurs vont récupérer les poissons.

À la rencontre de

Luc Chatelais

Quand as-tu découvert une pêcherie pour la première fois et comment t’es venue cette passion ?

J’ai découvert les pêcheries en 1983. J’étais alors documentaliste au collège de Bréhal, et c’est à l’occasion d’un travail scolaire avec les élèves que j’ai découvert les pêcheries dont j’ignorais l’existence car je suis originaire de l’orne. À partir de ce moment, j’ai eu envie d’aller voir ce qui se passait dans les pêcheries.

Lors de cette sortie, nous nous étions rendus à la pêcherie en pierre de Saint-Pair-sur-Mer et à celle en bois d’Agon-Coutainville afin de procéder à un travail de comparaison entre ces deux pêcheries.

Voici un souvenir que j’ai envie de vous partager : Mme Mésange, propriétaire de la pêcherie Drigot à Saint-Pair-sur-Mer, allait toujours relever le poisson en robe et en manteau en progressant dans la mer avec de l’eau jusqu’à la poitrine, à plus de 80 ans car elle ne voulait pas, disait-elle, marcher sur le mur de peur de tomber. Suite à ces deux visites, une exposition a été réalisée. Mme Chartrain, responsable du musée du vieux Granville à l’époque avait sollicité les élèves pour monter une exposition au musée du Vieux Granville, ce qui a été fait en 1984.

En 2009, j’ai rencontré Jean-Claude et Marcel Le Peu qui m’ont fait découvrir la pêcherie « La Maillard » située à Hauteville-sur-Mer, et qui m’ont suggéré de prendre contact avec l’Office de Tourisme. Ensuite, les expositions se sont enchainées. Puis, j’ai travaillé avec Cyrille Billard pour l’exposition « Terre de pêcheries, 4 000 ans d’archéologie et d’histoire sur le littoral de la Manche » en 2012 à la halle au blé à Granville.

Combien de pêcheries

sont en activité aujourd’hui ?

6 pêcheries en pierre sont en activité en partant du sud vers le nord : le Petit Poulier, les Grands Bras, Drigot, Garnier/ Fougeray (visite possible par Monsieur Huet), Pigeon à Hacqueville et la pêcherie de La Tranchée appartenant à la ville de Granville.

Quelle est la pêcherie que tu préfères sur la Destination Granville Terre et Mer ?

Il y en a deux , « Le petit poulier » appartenant à Monsieur Verneuil, la première pêcherie à Jullouville face au Centre de Voile Jullouvillais. C’est la plus authentique au niveau de la porte et de son architecture. La deuxième pêcherie « Les grands bras », la plus pêchante, se situe à droite du casino de Jullouville. Le mur est très bien conservé et appartient à trois personnes.

Comment expliques-tu qu’il y ait si peu de pêcheries encore en activité ?

Les pêcheries ne sont plus rentables, tenues par des retraités, elles sont un loisir.

Si tu étais...

Un lieu ? Je serai la pêcherie de la tranchée à Granville.

Une spécialité locale ? Le homard de Chausey sans hésiter !

Un point de vue ? La croix Paqueray à marée basse pour admirer les pêcheries.

Une activité ? La pêche à pied lors des grandes marées.

Une saison sur notre Destination ?  Le printemps, lorsqu’il y a les genêts en fleurs sur Chausey, et puis, j’aime lorsque les fleurs apparaissent, notamment, les coquelicots… C’est magnifique.

Une couleur ? Le vert car bien qu’attiré par la mer, j’aime la verdure, le bocage, les forêts…

Tes 3 bonnes adresses gourmandes ?

Le restaurant Couleurs et saveurs à Bricqueville-sur-Mer.

Le restaurant La passerelle à Bricqueville-sur-Mer, face à la route submersible.

Le restaurant Le phare à Granville.

L’endroit où tu aimes boire un verre ?

Le Yatch Club du Hérel, face au port de plaisance.

Un petit mot pour la fin ?

Je vous suggère la balade à pied le temps d’une marée, de la pêcherie du « Petit Poulier » jusqu’à «la « Pigeon » à la découverte de ces pièges à poissons ancestraux.

Les pêcheries constituent des beaux endroits isolés en mer. On y rencontre des pêcheurs passionnés, ayant une connaissance parfaite de la météo, de la nature, du vent, des poissons. Ils savent s’il va y avoir du poisson en fonction des conditions météorologiques. Ils se sentent héritiers d’une longue histoire, dépositaires d’un patrimoine à conserver précieusement…

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